J’ai lu Moro-Sphinx de Julie Estève.

« Elle les veut tous, à la chaîne. C’est une armée qu’elle veut pour tuer la peur et le temps »

Moro-Sphinx : c’est la raison pour laquelle ce livre à rejoint ma bibliothèque il y a de cela quelques mois.

Ce titre mystérieux m’a paru prometteur et sans te spoiler l’article qui suit, j’ai eu du flair !


              Un moro-sphinx est une sorte de papillon-colibri


Moro-Sphinx a été publié en avril dernier et c’est le premier roman que signe Julie Estève.

Cette lecture avait une sorte de goût spécial, je me sentais comme privilégiée de lire LE roman et je ne suis pas déçue du voyage.

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Ce que ça raconte :

L’histoire, c’est celle de Lola qui se détruit de chagrin. Chasseresse, son « truc » à elle c’est de collectionner les ongles des hommes avec lesquels elle couche et il y a de quoi remplir un bocal. Elle dit que ça lui remplit le vide qu’elle a dans le cœur. Sous son maquillage outrancier, Lola arpente les rues de Paris à la recherche de quelqu’un ou quelque chose qui pourra la sauver. Mais rien ne vient, c’est toujours les mêmes cauchemars qui s’invitent dans ses nuits et toujours la même douleur qui lui scie le cœur et le corps. Se faire du mal pour se faire du bien. Jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse ; ne dit-on pas que la passion est, elle aussi, destructrice ?

 Pourquoi j’ai aimé ?

Julie Estève a su me conquérir d’abord grâce à sa plume que j’ai trouvée à la fois poétique et tranchante. L’auteure n’épargne pas son personnage de la douleur et la laisse se détruire radicalement. Au risque de te paraître sadique, c’est cette écriture radicale qui rend la lecture fluide et c’est pour cette même raison qu’on a envie de poursuivre l’histoire avec Lola, qu’on a envie de savoir jusqu’où elle va pouvoir aller. Selon moi le génie de ce roman c’est de ne pas chercher une quelconque compassion ou empathie, cette histoire bien qu’évidemment dramatique ne verse pas dans le pathos et n’est pas non plus tire-larmes.

Julie Estève brosse le portrait d’un personnage moderne et complexe qui est très loin d’être l’héroïne de son histoire. C’est justement sa décadence et sa longue chute qui font de Lola un personnage attirant. C’est sa tristesse apparente, sa faiblesse déguisée qui font qu’elle peut parvenir à ses fins. Ce qui excite les hommes qu’elle croise c’est de pouvoir l’atteindre elle. Lola est un personnage qui repousse les sentiments quels qu’ils soient le plus loin d’elle possible. Elle se convainc assez facilement qu’elle est comme anesthésiée et qu’elle ne ressent rien. C’est assez déroutant d’ailleurs de suivre une jeune femme qui n’accorde que très peu de valeur à son propre corps et sa propre vie.

La première scène du roman donne le ton, en quelques lignes Julie Estève réussit le tour de force de plonger son lecteur dans un bain obscur. Elle crée la tension et la maintient tout au long du roman, à chaque nouveau jour l’on attend la goutte de trop, ce qui fera basculer Lola, ce qui la conduira au pire.

J’ai été très agréablement surprise par ce roman que j’ai trouvé excellent. C’est une savante combinaison d’un style haletant, un personnage écorché qui survit et de son histoire qui ne l’épargne pas.

Jude

nuagecut

3 réflexions sur “J’ai lu Moro-Sphinx de Julie Estève.

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